Une interview de Rice and Shine : « Être transparent au niveau de l’argent nous a beaucoup aidé »

Steady Team
Steady
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6 min readDec 2, 2020

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Plus de 300 membres soutiennent le podcast Rice and Shine sur Steady. 📸: Valerie-Siba Rousparast

Pour ses créatrices Minh Thu Tran et Vanessa Vu, Rice and Shine n’est pas seulement un podcast mais aussi un projet de communauté, une plateforme pour les Allemands d’origine vietnamienne. Depuis près d’un an et demi maintenant, le duo a mis en place un système d’adhésion, échange des idées avec ses membres et organise des événements. Dans cette interview, Minh Thu Tran explique que l’une des raisons pour lesquelles plus de 100 personnes ont accepté de les soutenir financièrement via Steady est leur transparence totale sur l’utilisation qu’elles feront de l’argent.

Version française — Interview traduite par Théophile Blondy

Steady : Vous avez plus de 300 membres qui soutiennent régulièrement votre podcast. Rice and Shine existerait-il encore sans eux ?

Minh Thu Tran : Nous n’avons pas commencé le podcast dans l’intention de faire du profit, mais nous voulions faire quelque chose pour la communauté vietnamienne en Allemagne et donc aussi pour nous. Cependant, le podcast et le bénévolat nous prenaient de plus en plus de temps. Nous ne pouvons pas faire de travail rémunéré pendant que nous travaillons sur Rice and Shine, en d’autres termes nous perdons de l’argent à cause du podcast. Mais nos membres montrent qu’ils apprécient notre travail en nous soutenant — ce qui nous fait chaud au cœur et qui veut aussi dire que nous n’avons pas à nous arrêter à cause de problèmes financiers.

Comment vous êtes-vous rencontrés et qu’est-ce qui fait que le courant passe si bien entre vous ?

Nous avons appris à nous connaître au cours de notre formation à l’école allemande de journalisme. Pour nous deux, c’était la première fois que nous rencontrions un collègue vietnamien allemand dans la bulle journalistique.

Nous avons pu échanger des informations sur des choses dont nous ne pouvions pas discuter avec nos amis et collègues blancs : Qu’est-ce que cela fait de grandir en étant le seul ou l’un des rares Allemands vietnamiens ? Comment survivons-nous en tant que l’une des rares personnes de couleur dans nos rédactions ? Pour nous deux, c’était comme si nous avions trouvé une sœur.

L’un des défis que nous avons rencontrés l’année dernière était, même au milieu de toute l’agitation autour du podcast, de ne pas compromettre notre amitié, de passer du temps de qualité ensemble et de prendre soin les uns des autres. Nous nous complétons très bien et nous nous remplaçons mutuellement lorsque l’autre ne se sent pas bien ou lorsqu’elle est stressée.

Vous êtes donc unis par votre origine vietnamienne et vos expériences formatrices, dont vous parlez également dans le podcast. Rice and Shine est un projet très personnel. Comment est née l’idée et qu’est-ce qui vous motive ?

Nous avons parlé de nos familles, de nos expériences à l’école, à l’université, de l’identité et d’autres choses qui nous intéressent. Et nous avons rapidement réalisé que nos histoires se ressemblaient beaucoup et que c’était bien d’en parler, de ne pas se sentir seules. En Allemagne, il n’y avait pratiquement personne à qui s’identifier — jusqu’alors, les Allemands d’origine vietnamienne étaient pratiquement invisibles. Nous voulions partager dans le podcast ce sentiment de communauté avec d’autres Allemands d’origine vietnamienne.

Vanessa Vu (à gauche) et Minh Thu Tran ont lancé leur podcast en 2018 après s’être rencontrées à l’école de journalisme de Munich. 📸 Valerie-Siba Rousparast

Vous écrivez sur votre page Steady que votre rôle consiste à « construire et soutenir une communauté ». Qu’est-ce que cela signifie concrètement et comment le faites-vous ?

Nous ne sommes pas seulement un podcast : nous voulons être une plateforme pour les Allemands vietnamiens sur laquelle échanger des histoires, offrir de nouvelles perspectives sur les communautés allemandes vietnamiennes et rencontrer d’autres Allemands d’origine vietnamienne. Dans notre newsletter, que tous nos membres reçoivent, nous résumons les actualités pertinentes d’Allemagne et du Vietnam et mettons en avant les événements qui se produisent au sein de la communauté germano-asiatique. Nous organisons des pique-niques, des projections de films et toutes sortes d’événements.

Vous avez donc une relation étroite avec vos auditeurs. De quelle autre manière communiquez-vous ?

Nous sommes en contact étroit avec nos auditeurs sur les réseaux sociaux, en particulier sur Instagram. Nous y publions de nombreuses petites choses qui ne sont pas dans le podcast. Pour beaucoup de gens, c’est une façon peu contraignante de discuter avec nous. Nous essayons également de répondre à des emails plus longs, même si nous n’avons parfois pas le temps. Si nos auditeurs veulent nous écrire, ils peuvent le faire à l’adresse riceandshine.podcast@gmail.com. Certaines conversations ont déjà mené à des amitiés ou à des idées pour de nouveaux épisodes.

Comment vous est venue l’idée de proposer des adhésions ? Était-ce difficile de franchir le pas ?

Nous avons rapidement réalisé que sans financement, nous ne pourrions pas poursuivre notre travail de manière durable. Au début, nous avions quelques scrupules à demander de l’argent à notre communauté. D’autres podcasteurs indépendants comme Frank Joung de Halbe Katoffl ou Alice Hasters et Maxi Häcke de Feuer und Brot nous ont inspirées et motivées à sauter le pas.

Pourquoi pensez-vous que les gens paient pour votre podcast, alors que les épisodes sont disponibles gratuitement ?

Notre newsletter y est certainement pour quelque chose. Au-delà, nous pensons que nos membres nous soutiennent pour les mêmes raisons qui nous ont poussées à créer le podcast : pour contribuer à créer une plateforme pour les Allemands d’origine vietnamienne et leur donner un plus de visibilité. Le podcast amène aussi une plus grande compréhension de ces horizons différents parmi les auditeurs allemands non vietnamiens.

Minh Thu Tran et Vanessa Vu veulent donner plus de visibilité à la communauté germano-vietnamienne. 📸 Valerie-Siba Rousparast

Cela fait maintenant plus d’un an que vous avez décidé de mettre en place un système par adhésions : que vous a appris cette expérience ?

Un podcast comme celui-ci coûte de l’argent : pour l’hébergement, la technologie, nos voyages en train à travers l’Allemagne pour faire des interviews ou pour organiser nos événements. Le soutien de nos membres nous aide énormément. Nous mettons ces informations à disposition de nos auditeurs, pour qu’ils sachent comment nous dépensons ce qu’il nous donne.

Ça nous aide de parler d’argent. Cela implique de dire dans nos podcasts et sur les réseaux sociaux que nous sommes reconnaissants pour ce soutien car chaque fois que nous remercions publiquement un membre, de nouveaux nous rejoignent. Et si nous ne parlons pas de ce que nous faisons avec Steady, parce qu’on oublie ou parce que nous ne pensons pas qu’il faille le faire à ce moment-là, nous n’obtenons pas de nouvelles adhésions. C’est toujours un peu difficile pour nous de demander régulièrement de l’argent à nos auditeurs, mais c’est cela qui nous permet de travailler aussi librement que nous le faisons maintenant..

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